ADOLPHE SAX

(Dinant 1814-Paris 1894)

Adolphe Sax, de son vrai nom Antoine-joseph, naquit à Dinant le 6 novembre 1814. Il était le fils aîné de Charles-joseph Sax, facteur d’instruments installé à Bruxelles. Les enfants Sax grandirent dans les ateliers de leur père, entourés d’outils et d’instruments de tous genres. Adolphe Sax eut l’idée de suivre les traces de son père : il s’adonna lui aussi à la facture instrumentale. Il reçut une formation musicale qui devait lui permettre de jouer des instruments qu’il fabriquait: il apprit la flûte avec Lahou, la clarinette avec Bender, et Reusler lui enseigna l’harmonie.

Adolf sax - origine du sax
La plupart de ses travaux repose sur une constatation fondamentale d’acoustique qu’il fut très probablement un des premiers à faire et à énoncer, à savoir que le timbre d’un instrument est déterminé non par la nature du matériau employé, mais par les proportions données à la colonne d’air. Cette constatation nous semble à présent évidente, mais la plupart des facteurs contemporains de Sax nièrent pendant longtemps que les proportions avaient une influence quelconque sur la qualité d’un instrument.

A l’époque où Sax s’installa à Paris, les instruments à vent en cuivre manquaient totalement d’homogénéité: certains étaient munis de Pistons, d’autres de clefs; le doigté était diversifié et l’échelle musicale fort incomplète; de plus, la tenue de ces instruments était rendue difficile par leurs formes disparates. L’objet des premières recherches de Sax fut de remédier à tous ces inconvénients. Il y réussit avec succès par la création des saxotrombas et des saxhorns qu’il construisit en famille de manière à couvrir toute l’étendue de l’échelle de personnalités musicales. De plus, ses instruments offraient une unité de forme et de doigté inconnue à l’époque.

Adolf sax instrument à vent - les origines

La création d’une nouvelle famille d’instruments entraîna Adolphe Sax à publier une méthode pour leur enseignement. Annoncée dès 1846, sa Méthode complète pour saxhorn et saxotromba soprano, alto, ténor, baryton basse et contrebasse à 3, 4 Ou 5 cylindres suivies d’exercices pour l’emploi du compensateur parut en 18 5 1 chez Brandus. Suivant un plan clair et rationnel, Adolphe Sax y exposait graduellement toutes les difficultés des instruments de la famille des saxhorns et des saxotrombas, ainsi que des cornets à pistons.

Adolphe Sax photo

 

Quand vint la guerre d’Italie, on décida de réduire le nombre de musiciens soldats, et on supprima certains instruments rentrant dans la composition des musiques régimentaires. L’effectif instrumental imaginé par Sax en fut considérablement réduit. En 1867 on parla même de supprimer complètement les musiques militaires. Comme on le voit, les travaux d’Adolphe Sax ne lui valurent pas que des satisfactions. Ses succès devaient d’ailleurs provoquer la jalousie de ses nombreux concurrents qui dès 1845, s’organisèrent en une véritable coalition.

Tout fut entrepris pour entraver sa réussite. Ses adversaires s’emparèrent de ses inventions et les exploitèrent à leur propre compte. Ils affirmèrent que les inventions Sax n’avaient rien de neuf et ils firent supposer l’existence antérieure, dans des pays étrangers, de ses instruments. Berlioz, qui était un défenseur acharné de Sax, décrit l’animosité des facteurs coalisés en ces termes: « Croirait-on que ce jeune et ingénieux artiste a mille peines à se faire jour et à se maintenir à Paris ? On renouvelle contre lui des persécutions dignes du Moyen-Age qui rappellent exactement les faits et gestes des ennemis de Benvenuto, le ciseleur florentin. On lui enlève ses ouvriers, on lui dérobe ses plans, on l’accuse de folie, on lui intente des procès; avec un peu plus d’audace on l’assassinerait. Telle est la haine que les inventeurs exercent toujours parmi ceux de leurs rivaux qui n’inventent rien ». Sax fut entraîné dans une longue série de procès portant sur la validité de ses brevets. Conscient de sa valeur et souffrant mal qu’on le plagiât, Sax ne renonça pas à la lutte et ne s’est jamais résigné. Il eut l’heureuse satisfaction de voir ses efforts récompensés en 1860 par le vote d’une loi spéciale qui prolongeait de cinq ans la durée des brevets relatifs au saxotromba et au saxophone.

D’autre part, Sax remporta toujours un immense succès aux expositions auxquelles il participait. Il reçut une Médaille d’Argent à l’Exposition des produits de l’Industrie française en 1844 où il exposa des clarinettes, des flûtes, des cors et des bugles perfectionnés auxquels le nom de saxhorn n’était pas encore appliqué; il fut décoré de la Croix de la Légion d’Honneur en 1849 suite à l’Exposition de l’Industrie Française où il avait présenté des familles complètes de saxophones, de saxhorns et de saxotrombas; Le jury de l’Exposition Universelle de Londres en 1851 lui décerna une Council Medal l’ensemble de ses instruments, dont un saxhorn bourdon haut de trois mètres; une Grande Médaille d’Honneur lui fut attribuée en 1855 lorsqu’il exposa ses saxtubas; l’Exposition Universelle de 1862 de Londres vit l’apparition de nouveaux instruments a six pistons et tubes indépendants, à pavillon mobile, ainsi que des instruments pourvus à la fois de clefs et de pistons; les vitrines d’Adolphe Sax renfermaient également des nouvelles timbales sans chaudron; il remporta une nouvelle fois une Médaille. Enfin, à l’Exposition Universelle de Paris en 1867, Sax exposa des instruments à sept pavillons; Il remporta le seul grand Prix décerné à la facture instrumentale. Il fut en outre décoré de la Couronne de Chêne de Hollande en 184 5, et reçut la Grande Médaille d’Or du Mérite de Prusse en 1846.

En résumé, l’incroyable diversité des activités de Sax est frappante; il ne se contenta pas du seul métier de facteur d’instruments puisqu’il fut aussi éditeur de musique, professeur de saxophone, organisateur et directeur de la fanfare de l’Opéra de Paris, organisateur de concerts, initiateur de la réorganisation des musiques militaires en France. Enfin, il procéda à des recherches relatives à l’acoustique des salles qui l’amenèrent à proposer des plans pour une nouvelle salle de concert.

Médiocre gestionnaire de ses affaires, il fut acculé trois fois à la faillite: en 1852, 1873 et 1877. Mais il serait injuste de ne pas mentionner que les changement de régime politique lui firent essuyer de nombreux revers. Il en fut ainsi lors de la Révolution de 1848 et de la guerre de 1870. Adolphe Sax restera dans l’histoire de son temps un génie de la facture des instruments à vent par ses nombreuses inventions et perfectionnements. Il meurt à Paris le 7 février 1894 âgé de 79 ans.